Je n’ai pas oublié, voisine de la ville, (1)
Notre blanche colline, petite mais tranquille;
Sa forme de coque renversée et sa végétation drue
A l’aplomb d’une Durance chétive cachant ses anciennes crues,
Et le soleil, nonchalant et brûlant,
Qui, derrière son mur où se couchait son rougeoiement,
Semblait déjà, grand œil du très haut,
Veiller sur La Reine Margot, (2)
Répandant puissamment sa bienveillance de La terre vue du ciel (3)
Sur ces 543 jeunes pilotes, filles et garçons sans pareil.
Ca commence comme un rêve d’enfant,
On croit que c’est dimanche
Et que c’est le printemps (4)
Et pour cause, c’est le Trophée de France BMX ce dimanche
Mais la fournaise cavare qui règne dans l’arène
Anéantit les forces manches après manches
L’arroseuse arrosée rafraîchit la piste et les peines
Des poussins, pupilles et benjamins en lice ce dimanche
Comme pour mieux faire oublier chaleur et mauvaise veine
Ca commence comme un rêve d’enfant,
On croit que c’est dimanche
Et que c’est le printemps
Au pied de la colline Saint-Jacques
Le BMX’ club Cavaillon (5) et ses bénévoles fourbissent leurs armes
C’est fête et race ce 28 juin 2009 pour jeunes pilotes sans playback
Manches, quarts et demies ont déjà versé leurs larmes
Vient maintenant le temps du blackjack
L’ultime race, finale par catégorie et leurs futurs faits d’armes
Ca commence comme un rêve d’enfant,
On croit que c’est dimanche
Et que c’est le printemps
Un rêve d’enfant mais aussi celui d’une future Reine
Margot dont la belle chevelure brune et bouclée
Semble avoir au loin sur la grille des allures de longue traîne
Effleurant à peine de ses roues la piste maintes fois balayée
Dans son maillot rose, blanc et noir elle est déjà Reine
Poursuivie par sa suite depuis que le départ est lancé
Ca commence comme un rêve d’enfant,
On croit que c’est dimanche
Et que c’est le printemps
Et ce si beau regard qui perce à l’entrée du premier virage
Elle devant et les autres loin derrière
Après l’avoir vu gymnaste sur un tapis, la voilà pilote sur un nuage
Celui d’une fine poussière qui nous vient jusqu’aux barrières
Sous un soleil de plomb, je l’accompagne jusqu’au troisième virage
A l’attaque de la dernière série et toujours première
Ca commence comme un rêve d’enfant,
On croit que c’est dimanche
Et que c’est le printemps
Je pense à cet instant aux parents de Margot
A son grand frère Maxime, le pilote aux emblématiques lunettes blanches
Prince virtuose et futur roi à en juger par la précision de ses sauts
Et puis d’un geste répété du bras, Margot signe sa victoire, franche
Avec ce sacre sur les traces du père, la dynastie perdure sans défaut
Un nouveau couronnement à marquer d’une pierre blanche
Ca commence comme un rêve d’enfant,
On croit que c’est dimanche
Et que c’est le printemps,
La radio donne enfin des nouvelles
Nouvelles, et nous parle
Enfin un peu de toi. (4)
Toi, Margot Hetmanczyk,
La Reine Margot.
(1) Je n’ai pas oublié, voisine de la ville – un poème de Charles Baudelaire – Les Fleurs du Mal - 1857
(2) La Reine Margot – un film de Patrice Chéreau d’après le roman éponyme d’Alexandre Dumas –1994
(3) La terre vue du ciel – un livre de Yann Arthus-Bertrand - 2003
(4) Ca commence comme un rêve d’enfant – une chanson de Julien Clerc – (1979)
(5) www.bmx-cavaillon.fr
